Démocrature sénégalaise : Une absurdité.

Qu ‘est ce que la démocrature? C’est une démocratie d’apparence, un sketch se jouant devant le peuple, ici, en l’occurrence, les sénégalais. Étymologiquement, le mot démocrature est une contraction des mots « démocratie » et « dictature ». On appelle cela une amalgamation ou une fusion en linguistique. Comme stipulé ici, l’intention de critique est la suivante : telle prétendue démocratie n’est en réalité pas une vraie démocratie.

Cela commence déjà mal avec des élections présidentielles de 2019 mal organisées et orchestrées de telle sorte à avantager le président sortant. Nous le disions déjà, tout avait commencé avec Khalifa Sall et Karim Wade, respectivement enfermé en prison et exilé. Les 2 plus grands adversaires politiques de Macky Sall venaient d’être écartés. Ensuite, sorti de nul part, le système de parrainage a été instauré dans le but de diviser et de filtrer le reste des outsiders comme Malick Gackou, Abdoul Mbaye, voire Cheikh Bamba Dieye.

Ce stratagème ayant ouvert la voie à une réélection de Macky Sall, il ne restait plus qu’à se garantir un taux « crédible » aux yeux de la scène internationale. Ainsi, plusieurs irrégularités ont été constatées un peu partout au Sénégal : des soupçons de manipulation du fichier électoral et des cartes d’électeur indisponibles pour une partie de la population, déplacement du lieu de vote historique à un autre lieu sans avoir avisé la personne au préalable, des vidéos montrant des gens en possession de plusieurs cartes d’électeur, ou encore d’autres vidéos montrant des enfants visiblement mineurs en train de voter, des ordres de mission délivrés par autre que le ministère de l’intérieur, des sommes entre 2.000 FCFA et 30.000 FCFA distribués aux personnes pour voter pour un candidat précis…

« Li si seuy bi fégn neu si ngoro bi» comme on dit. Ces élections, aux antipodes de la démocratie, présageaient déjà d’une démocrature à venir.

Crédit : NIC BOTHMAN | EPA

Dès son arrivée au pouvoir, le président Macky Sall a accumulé les scandales l’impliquant directement, ou son entourage. La liste est longue.

Nous pouvons commencer avec la dilapidation du pétrole sénégalais au profit de Frank Timis et par le biais d’Aliou Sall, frère du Président. On parle d’un scandale de plusieurs milliards de dollars pour lequel aucune suite n’a été donnée jusqu’à ce jour. Nous parlons aussi de ce contrat inéquitable signé par le gouvernement sénégalais au profit cette fois de Total. Ce qui avait même poussé le désormais opposant Thierno Alassane Sall, alors Ministre de l’Energie, à démissionner de son poste.

On peut aussi citer le scandale de l’autoroute à péage qu’aujourd’hui les sénégalais se ruinent à utiliser, sans alternative viable. Globalement, ce sont tous ces « grands chantiers » (autoroute, ponts, stades, centres de conférence…) qu’il faut interroger, notamment sur leur nécessité et sur les modalités de passation de marché. Mais qui ose parler de ça ?

Qu’en est il encore des scandales à répétition sur le foncier sénégalais ? Nous les évoquions déjà dans un article précédent et ce phénomène s’est encore accéléré avec les récents problèmes rencontrés par les populations de Mbour 4 et ceux faisant face à Babacar Ngom.

Toutes ces affaires ont un point commun : une justice partielle et carrément à la solde du pouvoir en place et de ses alliés. Le faible et le pauvre n’ont aucune chance de faire le poids face aux membres du parti au pouvoir, aux riches entrepreneurs du pays, aux marabouts, au Président et à sa famille.

Chez nous, il suffit d’être politicien, marabout ou bandit, pour être jugé et condamné à la prison, y passer quelques mois et ressortir comme si de rien n’était. Le Sénégal, une démocratie vous avez dit ?

Nous vivons dans une dictature, déguisée en démocratie, au cas où vous ne le sauriez pas.

Dans notre pays, nul n’a le droit de critiquer le roi, oups le président sans courir le risque d’être emprisonné. Il est susceptible et ne le cache pas.

La liste non exhaustive des personnes emprisonnées arbitrairement sous Macky Sall est la suivante :

Toussaint Manga : Secrétaire général de l’UJTL au moment des faits, emprisonné pendant 10 mois pour avoir manifesté dans les rues de Dakar, suite à l’arrestation de Karim Wade.

Oumar Sarr : Ancien Secrétaire Général adjoint du PDS, emprisonné pendant quelques jours pour faux et usage de faux et diffusion de fausses nouvelles. Il était juste opposant et fait parti des 42 membres ou proches du PDS qui ont été enfermés entre 2012 et 2016.

Amy Collé Dieng – Chanteuse accusée d’avoir critiqué Macky Sall, sur des messages audios via Whatsapp. Elle a été emprisonnée pendant 11 jours.

Oulèye Mané et une quinzaine de co détenus : Accusés d’avoir caricaturé et critiqué Macky Sall, via une discussion privée sur Whatsapp, Elle a passé 6 semaines en détention.

Adama Gaye : Journaliste arrêté et incarcéré pour « offense au chef de l’Etat » après avoir tenu des propos graveleux sur les réseaux sociaux visant le président du Sénégal. Il a été emprisonné pendant près de 3 mois.

Karim Wade : Ancien ministre et fils du Président Abdoulaye Wade, condamné à 6 ans de prison, enfermé puis exfiltré vers le golfe arabique.

Khalifa Sall : Membre du PS, opposant et principal favori des élections de 2019. Enfermé en mars 2017 pour des présumés pratiques douteuses dans sa mairie de Dakar, puis gracié en Septembre 2019. Il est l’un des symboles de la dérive autoritaire de Macky Sall.

Guy Marius Sagna : Activiste, membre de l’organisation FRAPP France Dégage et dénonciateur de la 1ère heure des injustices subies par les sénégalais. Il a plusieurs fois été arrêté par le régime. Nous en parlons plus amplement dans cet article.

Boubacar Sèye : Président de l’ONG Horizons et dont le seul crime est d’avoir demandé des comptes à l’État sénégalais sur la gestion des milliards d’euros alloués par l’Union Européenne au Sénégal dans le cadre de la lutte contre l’émigration clandestine. Il avait été arrété à l’AIBD le 15 Janvier 2021. Il bénéficie actuellement d’une liberté provisoire du fait de la détérioration de son état de santé en prison.

Les Partisans d’Ousmane Sonko : Depuis le 12 février, 20 d’entre eux sont emprisonnés pour avoir pris part à la manifestation qui a eu lieu au domicile d’Ousmane Sonko.

Encore une fois, cette liste est loin d’être exhaustive. Sous le régime de Macky Sall, beaucoup de personnes ont connu la prison juste parce qu’ils ont osé critiquer et s’opposer au président-roi. Le fait que certains ait été arrêtés sur la base de conversations censées être privées nous indique qu’il y’a peut être une surveillance de masse en cours. Le contrôle est total si on examine de plus près la dernière mise à jour du Code des Communications Électroniques, survenue incognito en Décembre 2018. On y stipule, dans son article 27, que « L’autorité de régulation peut autoriser ou imposer toute mesure de gestion du trafic qu’elle juge utile pour préserver la concurrence dans le secteur des communications électroniques et veiller au traitement équitable des services similaires. » Ce paragraphe qui peut paraître anodin est un moyen utilisé pour restreindre encore plus la liberté d’expression de la population sur les réseaux sociaux. Il donne le pouvoir à ce régime de contrôler la connexion internet des sénégalais. Ne vous étonnez pas, lors des élections, de voir votre message en attente d’envoi pendant des heures ou jours, ou encore votre appel rejeté par faute de réseau, plus longtemps que d’habitude.

Faisons attention à ce qui se passe. Nos libertés sont de plus en plus réduites, la peur s’installe de plus en plus et les gens ont de moins en moins le courage à s’opposer. Mais, ne l’oublions pas, « nul n’est plus réduit à l’esclavage, sans espoir aucune de libération, si ce n’est celui qui croît aveuglément et à tort qu’il est libre ».

Yeewu Jotna !

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